- SÉLECTION DE LA RÉDACTION
- 2013 · 3 morceaux · 16 min
Sonate pour piano nº 14 en do dièse mineur
Parmi les œuvres les plus appréciées de Beethoven, la Sonate au clair de lune est la deuxième d’une paire de sonates pour piano composées en 1801, à l’époque de sa Symphonie n° 2. De son vivant, le premier mouvement devient sa musique la plus célèbre, provoquant chez le compositeur une irritation croissante. Les deux sont nommées Sonate quasi una fantasia, incorporant des éléments de sonate et de fantaisie. Son surnom de « Clair de Lune » ne vient cependant pas de Beethoven. En 1832, cinq ans après la mort du compositeur, le critique allemand Ludwig Rellstab décrit le premier mouvement comme « une barque au clair de lune sur le Lac des Quatre-Cantons » de Lucerne, et le nom est resté. La tonalité en ut dièse mineur est très inhabituelle. À titre d’exemple, Haydn ne l’a utilisée qu’une seule fois, Mozart pas du tout, et Beethoven n’y revient que dans son Quatuor à cordes n° 14. Son monde expressif très personnel est tout aussi surprenant. Le mouvement d’ouverture se déroule comme une improvisation libre dissimulant une logique formelle tendue et maîtrisée, sa ligne mélodique retentissante faisant allusion à une marche funèbre crépusculaire. Le court mouvement central, un intermezzo mélancolique, est décrit par Liszt telle une fleur entre deux abîmes. Lors de sa création, le final devient la musique la plus orageuse de Beethoven et il le reste jusqu’au final de sa sonate Appassionata en 1805. Un « Presto agitato » d’arpèges et d’explosions violentes, repoussant les limites des instruments contemporains, réinterprète de façon spectaculaire le motif doucement rythmé du premier mouvement, qui est désormais présenté à travers des ponctuations percussives et pointilleuses.