- SÉLECTION DE LA RÉDACTION
- 2020 · 4 morceaux · 43 min
Scheherazade
Schéhérazade est la narratrice de l’anthologie folklorique des Mille et une nuits du Moyen-Orient, où les récits fantastiques qu’elle conte détournent son mari, le misogyne Sultan Schariar, de son habitude consistant à tuer chaque femme qu’il épouse après la nuit de noces. En 1887, Rimski-Korsakov conçoit une œuvre librement inspirée des histoires de Shéhérazade, dans le but de créer « un récit oriental de contes de fées nombreux et variés ». Cette œuvre en quatre mouvements en est le résultat, brillant par son symbolisme et son orchestration. Dans le mouvement d’ouverture, « La mer et le navire de Sinbad », on entend d’abord le motif écrasant des cuivres associé à la brutalité du sultan, puis le motif sinueux du violon solo de Shéhérazade. De larges ondes sonores orchestrales évoquent le tumulte de l’océan, avec une authenticité saisissante découlant des débuts de la carrière de Rimski-Korsakov dans la marine russe. Le « Conte du prince Kalandar » présente des solos élaborés pour la clarinette et le basson, au-dessus d’accompagnements frénétiques. Dans « Le jeune prince et la jeune princesse », l’écriture mélodique envoûtante suggère que l’amour se profile à l’horizon, tandis que le finale dépeint un naufrage monumental. Le dernier mot revient au violon solo de Shéhérazade — poétique et mystérieuse, et survivante du sinistre penchant de son mari pour la violence conjugale.