Cavalleria rusticana

En 1888, l’éditeur italien Sonzogno lance un projet excitant : un concours de composition d’opéra visant à découvrir de nouveaux talents. Pietro Mascagni, alors dans la mi-vingtaine, remporte le premier prix avec son œuvre en un acte inspirée d’une nouvelle littéraire récente qui relate un enchaînement de séduction, d’infidélité et de meurtre dans un village sicilien le jour de Pâques. Créée en 1890 à Rome, Cavalleria Rusticana (qui signifie « chevalerie rustique ») donne naissance au vérisme, un mouvement littéraire et artistique. Cette nouvelle sensibilité, qui culminera avec Tosca et La Bohème de Puccini, met de côté les tragédies grandioses des aristocrates de ce monde pour les remplacer par les malheurs directs et poignants des classes défavorisées. La mélodie constitue le moteur de cette œuvre, où l’émotion crue s’empare du chant pour lui donner les accents populaires du Sud de l’Italie. La musique instrumentale est bien présente, depuis le prélude folklorique sicilien jusqu’au célèbre « Intermezzo » orchestral, dont le thème majestueux communique la pleine grandeur de ce drame rural. Parmi les autres moments forts figurent la confession passionnée de l’héroïne Santuzza dans « Voi lo sapete » et l’adieu que son amant Turizzu fait à sa mère dans « Mamma, quel vino è generoso » [« Maman, ce vin est généreux »].