Symphonie nº 6 en si mineur

Les réactions à la Symphonie no 6 en si mineur de Tchaïkovski sont généralement influencées par le fait qu’il est mort neuf jours après sa première, en 1893, et par les doutes au sujet de son possible suicide, lequel aurait eu un lien avec son homosexualité inavouée. Même si le compositeur lui-même reconnaît que cette œuvre est profondément personnelle et que son titre, Pathétique, sous-entend une forte connotation émotionnelle, rien ne prouve qu’il s’agit bel et bien d’une sorte de lettre de suicide ou d’un adieu à la composition. Néanmoins, la symphonie est hantée par les présages de la mortalité, du solo lancinant de basson au souffle déclinant de la pulsation finale. Des doutes existentiels pèsent sur la musique, comme en témoignent les soubresauts d’anxiété du premier mouvement. Le deuxième mouvement a des allures de valse, mais son rythme, entravé par l’incertitude, est hésitant. Sous des airs de joie superficielle, le troisième, pour sa part, porte une instabilité évidente. Un sentiment subtil de perte habite le dernier mouvement, qui se déploie dans une tristesse à la fois magnifique et déchirante. Si Tchaïkovski n’accorde pas foi aux analyses biographiques de sa musique, il reconnaît tout de même qu’il s’agit là d’un moment particulier. Il écrit : « Je peux dire honnêtement que jamais dans ma vie je n’ai été si content de moi-même, si fier, ni si heureux d’avoir créé quelque chose d’aussi bon. »