Une anomalie ici, un petit défaut là, peuvent rendre encore plus belle une création. Ce paradoxe est au cœur de VIII, le premier album d’Isobel Waller-Bridge. La compositrice, qui a passé une grande partie de sa carrière à écrire des partitions pour des productions cinématographiques, théâtrales ou télévisées — notamment Fleabag, la série de sa sœur cadette Phoebe pour la BBC —, présente huit miniatures pour ensemble à cordes dont le caractère évanescent, autant que les contours rugueux, accrochent l’oreille durablement. Comme en une confession, chaque morceau est un voyage dans la psyché de Waller-Bridge, révélant de petits îlots d’identité, certains sombres et orageux, d’autres en paix sous un ciel sans nuages, tous d’une richesse d’expression saisissante. Waller-Bridge s’est inspirée des Six Bagatelles Op. 9 d’Anton Webern — six pièces aphoristiques pour quatuor à cordes, dont la plus longue dure un peu plus d’une minute et la plus courte moins de 25 secondes —, pour communiquer de vives émotions dans un petit espace musical. La fragilité et la brièveté de ces vignettes dévoilent une personnalité poétique et aventureuse, exposant avec sincérité le processus de découverte de soi.