En tant que compositeur et théoricien de la musique, Vicente Lusitano a été une figure importante de la Renaissance, et sans doute le premier compositeur Noir — né selon toutes probabilités d’une mère africaine réduite en esclavage par les colonialistes portugais — à voir son œuvre publiée. Fidèle à sa réputation de découvreur et interprète d’un répertoire rare, l’ensemble choral The Marian Consort, dirigé par Rory McCleery, se plonge dans les bouleversants motets sacrés du Liber primus epigramatum (1551) de Lusitano, injustement oubliés. Leur choix de dix pièces révèle sa grande inventivité, la subtilité des textures et des harmonies et la beauté pure de sa musique, chacune de ces qualités étant présente dans les sublimes Emendemus in melius (piste 7) et Sancta mater, istud agas (piste 9). On y entend aussi les mélodies sinueuses de Heu me, Domine (piste 6), avec ses lignes chromatiques saisissantes, et Inviolata, integra et casta es (piste 10) pour huit voix, chef-d’œuvre de la polyphonie renaissante.