COEXISTENCE - EP

Des grondements sourds de bois et de cuivres projettent des ombres inquiétantes sur le début de Coexistence (2022) de SØS Gunver Ryberg, une réflexion autour de la création et de la destruction. En l’espace d’une minute, la musique se transforme en un mur du son colossal, empilant les couches, les sections orchestrales se disputant l’attention. Cette intensité extrême cède bientôt la place à un collage de textures : cordes hurlantes, cuivres ardents, percussions retentissantes et oasis de calme. « Ryberg est une compositrice fascinante », déclare la cheffe dʼorchestre Dalia Stasevska à Apple Music Classical. « Elle sculpte le son, et façonne celui d’un orchestre comme un synthétiseur, en se concentrant davantage sur les effets que sur les harmonies ou les mélodies ». Dans les dernières minutes de l’œuvre, Ryberg combine le battement incessant de l’archet sur les cordes avec des flûtes jouées en flatterzunge [des coups de langue répétés à une cadence très rapide produisent une sorte de roulement lingual et un effet de trémolo] et des roulements de grosse caisse, et met un terme incertain à Coexistence lorsque les bois et les cuivres s’arrêtent comme au milieu d’une phrase.