- SÉLECTION DE LA RÉDACTION
- 2003 · 36 morceaux · 52 min
Dido and Aeneas
Didon et Énée de Purcell est un mini-opéra au format concis, et qui apparaît comme l’une des plus grandes tragédies musicales de tous les temps. D’une durée de moins d’une heure, le livret (dérivé de l’Énéide de Virgile) présente un récit très succinct de l’amour voué à l’échec entre Didon, reine de Carthage, et le prince troyen Énée — ce qui pourrait constituer un avertissement codé au catholique Jacques II [Énée] de ne pas abandonner Didon [personnification de l’Angleterre] pour Rome. Contrairement aux autres œuvres scéniques de Purcell qui comportent des dialogues parlés, Dido est la seule à être entièrement chantée. Inspirée de Venus et Adonis de Blow, proposée à la cour vers 1682, Didon pourrait également avoir vu le jour dans les cercles royaux, même si sa première représentation connue eut lieu dans un pensionnat de jeunes filles à Chelsea en 1689. La partition de Purcell, bien que disparue dans sa forme originale, est de très grande qualité, s’inspirant de modèles italiens et français. Elle se distingue par sa propension à privilégier les mouvements courts, sa construction en sections et une mélodie générale qui imprègne le style déclamatoire et relie les solos et les chœurs par le pouvoir de la danse. Les basses répétées jouent un rôle important dans la structuration de l’œuvre, qui commence avec l’anxieux « Ah ! Belinda » de Didon et culmine avec son « When I am Laid in Earth » — l’une des plus émouvantes complaintes de l’histoire de l’opéra.