Strauss: Also sprach Zarathustra

La vision saisissante qu’a Vladimir Jurowski de Also sprach Zarathustra [Ainsi parlait Zarathoustra] de Richard Strauss, met en valeur le pouvoir suprême de la nature, conduisant l’œuvre avec une force dramatique irrésistible, tout en préservant sa dimension lyrique. Le chef d’orchestre, inspiré par l’impression troublante de décadence qu’il voit dans ce poème symphonique, ainsi que par sa représentation des efforts héroïques de l’humanité, en façonne une interprétation remarquable, superbement jouée par le Rundfunk-Sinfonieorchester de Berlin et bénéficiant d’un enregistrement détaillé et chaleureux. Si les plus sombres sentiments parcourent en profondeur cette lecture, la musique ne manque pas de bravoure romantique ni de plaisir de jouer, en particulier dans le dialogue animé entre le violon solo et l’orchestre sur « Das Tanzlied » (« Le chant de la danse »). Jurowski et ses musiciens berlinois font ressortir tous les contrastes émotionnels de cette œuvre — librement inspirée du poème philosophique de Friedrich Nietzsche et rendue célèbre par le film de science-fiction 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick —, et expriment des états de désir, de joie et de chagrin exacerbés, avec beaucoup d’empathie et de conviction.