- SÉLECTION DE LA RÉDACTION
- 2004 · 1 morceau · 5 min
Nocturne nº 1 en si bémol mineur
Les premiers nocturnes publiés par Chopin, l’ensemble Op. 9 de trois pièces (1832), prennent comme point de départ ceux de John Field. Ils privilégient notamment l’expression plutôt que la virtuosité. Le premier Nocturne de l’Op. 9 présente la texture la plus couramment associée à ce genre, avec une mélodie flottante sur des arpèges largement espacés, exigeant l’utilisation de la pédale de sustain pour obtenir la lueur lyrique caractéristique et une sonorité feutrée. Chopin introduit une section médiane contrastante et légèrement obsessionnelle ; la musique adopte alors une coloration plus sombre malgré une modulation vers la tonalité majeure relative de ré bémol, avant un retour raccourci de la section d’ouverture. Richement agrémentée, la ligne mélodique dans les sections extérieures relève d’un style fondamentalement lyrique. Bien que la transposition des actes de l’opéra au clavier ne soit pas nouvelle en soi, personne, pas même Hummel qui a pourtant grandement inspiré les premières compositions de Chopin, n’a intégré une telle ornementation vocale à la mesure de ce qu’a fait Chopin, une caractéristique qu’il développe d’ailleurs dans ses nocturnes ultérieurs. À propos des Nocturnes de Chopin Au début du XIXe siècle, un nocturne correspond généralement à une œuvre pour voix, souvent un duo interprété pour animer une soirée domestique, en évoquant la tranquillité éclairée par la lune ou des rêves d’amour. Le titre a été donné pour la première fois à une œuvre pour piano solo par John Field, un compositeur irlandais vivant à Saint-Pétersbourg, qui conserve la qualité du chant, bien que sans paroles. Chopin adopte ce style et, comme c’est souvent le cas avec les genres qu’il s’est appropriés, l’élève à un nouveau niveau d’individualité et de richesse expressive. Chopin n’a jamais perdu de vue les origines vocales de la forme, le style bel canto de l’opéra italien étant une autre influence clé, et ses 21 Nocturnes demeurent, contrairement à ceux de Field, une partie essentielle du répertoire pianistique.