Suite pour luth nº 2 en do mineur
La Suite en do mineur, d’une grande sobriété, ne se distingue pas seulement par l’absence des « Allemande » et « Courante » qui lancent traditionnellement la séquence de danse propre à ce genre musical. Elle est désignée de diverses manières, comme « Suite », « Partita » ou, par Carl Philipp Emanuel, le fils de Bach, comme Prélude, Fugue, Sarabande et Gigue pour clavier — ce dernier terme laissant entendre qu’elle a été composée en pensant au luth-clavecin. Quoi qu’il en soit, une copie en a été faite par Johann Friedrich Agricola, qui a étudié avec Bach entre 1738 et 1741. La version en notation de luth a probablement été réalisée plus tard, peut-être à l’époque où l’ami de Bach, le grand luthiste de Dresde Sylvius Leopold Weiss, était en visite prolongée à Leipzig en 1739. À un « Prélude » quelque peu austère se greffe une « Fugue » consistante, coulante, qui grignote peu à peu un thème angoissé. De même, la « Sarabande » s’ouvre sur un motif qui semble rappeler le chœur final de la Passion selon saint Matthieu, tandis que la « Gigue », d’une détermination farouche, se développe avec exubérance pour s’achever dans la virtuosité. À propos des Suites pour luth de JS Bach Hormis quelques pièces diverses telles que le magnifique Prélude, Fugue et Allegro BWV 998 et le plus intimiste Prélude en do mineur BWV 999, la musique de Bach pour luth seul est regroupée en quatre suites autonomes, s’étalant sur un quart de siècle ; et contrairement à celles pour clavier ou violoncelle, elles n’ont jamais été envisagées comme un ensemble. En effet, réimaginées de manière idiomatique, deux d’entre elles revisitent des œuvres antérieures pour violoncelle et violon solo. Malgré leur attrait introspectif et séduisant, les Suites ne sont pas sans susciter la controverse. Ont-elles été conçues pour le luth, ou plutôt pour le lautenwerck [luth-clavecin], un clavecin à cordes en boyau produisant un timbre semblable à celui du luth ? Bach a possédé par la suite de beaux exemplaires des deux instruments, bien que sa maîtrise du luth soit sujette à spéculation.