Quatuor à cordes nº 7 en fa majeur
Lorsque les trois quatuors de Beethoven, commandés par le comte Andrey Razumovsky et dédiés à ce dernier, ont été présentés pour la première fois à Vienne en 1806, ils marquaient un véritable tournant dans le genre. Ce constat est particulièrement manifeste dans le Quatuor à cordes n° 7 en fa majeur (le premier de la série). Son « Allegro » initial rappelle celui de la Symphonie héroïque avec ses thèmes denses et ses motifs complexes, le développement atteignant un puissant point culminant et la coda développant encore davantage son contenu, jusqu’à une conclusion cruciale. L’« Allegretto vivace » se révèle encore plus radical : plus proche de la structure d’une sonate que d’un scherzo, il est entièrement conçu à partir de l’idée rythmique saccadée échangée entre les instruments au début de la symphonie. Annoté « molto e mesto » (très lentement et tristement), l’« Adagio » dégage une grande expressivité — même pour Beethoven — mais il est difficile de savoir dans quelle mesure sa visée est explicitement commémorative (comme le mouvement lent de l’Héroïque). Une envolée téméraire du premier violon mène directement à l’« Allegro » final, basé sur un air folklorique russe inconnu (conformément à la demande de Razoumovski d’inclure une mélodie de ce type dans chacun de ces quatuors) et dont l’énergie et l’optimisme effrénés se prolongent jusqu’à la conclusion jubilatoire.