- SÉLECTION DE LA RÉDACTION
- 2010 · 6 morceaux · 18 min
Partita pour violon nº 3 en mi majeur
Lumineuse et résolument animée (Bach exploite de façon révélatrice les cordes de la et de mi à vide), la Partita en mi majeur semble être le joyeux négatif photographique de sa Partita en ré mineur. Ainsi s’ouvre-t-elle non pas sur une sobre « Allemande », mais par un « Prélude » d’une verve époustouflante, que Bach revisitera à deux reprises (réaffecté à l’orgue obligé, il apportera plus tard du ressort à la Cantate de mariage BWV 120 ; et, enrichi de trompettes et de tambours, il donnera du panache festif à une cantate interprétée pour l’inauguration du Conseil municipal de Leipzig en 1731). Le « Prélude », en effet, s’écarte de la séquence de danses plus habituelle de la Suite française, et l’omission d’une « Sarabande » est également surprenante. Bach ne lésine cependant pas sur les danses qu’il choisit d’inclure. Une « Loure » (danse originaire de Normandie) au rythme complexe précède une « Gavotte en Rondeau » plus sobre, dont les éléments gravitent autour du thème enjoué du début. Et, à une paire de menuets contrastés, le premier aristocratique, le second plus rustique grâce à un bourdon sous-jacent, il ajoute une vigoureuse « Bourrée », aux contrastes dynamiques soigneusement calibrés, qui confère plus de piquant à l’ensemble. Enfin, une « Gigue » allègrement sautillante renforce un peu plus encore l’effervescence contagieuse qui anime BWV 1006 depuis son tout début. À propos des Partitas et Sonates pour violon seul de J.S. Bach Si Bach a sans doute été le plus grand claviériste de son époque, il a commencé sa carrière en tant que violoniste. Il préfère diriger l’orchestre de Köthen depuis la section des cordes et, grâce à son amitié avec des musiciens comme Westhoff et Pisendel, il appréhende l’instrument dans tous ses aspects. Les Sei Solo [Six Solos] pour violon sans accompagnement de basse, rassemblés dans un manuscrit daté de 1720, montrent à quel point cette compréhension était profonde. Ces pièces, qui sont des sommets de la tradition allemande du violon, témoignent de sa grande attention aux récents développements en Italie, comprennent trois Partitas reconnaissant la suprématie des Suites françaises pour ce qui concerne les danses, et trois Sonates qui appliquent les alternances de mouvements lents (ou presque) et rapides, typiques de la musique d’Église italienne.